Tragédie et comédie sont les deux faces d’une même pièce, et
Presque Hamlet en apporte la preuve éclatante. Dans une conférence-spectacle déjantée, Gilles Privat, silhouette à la Jacques Tati, décortique une des pièces les plus emblématiques du théâtre élisabéthain, y établissant mathématiquement que le mot « mort » constitue la clé de voûte du chef-d’œuvre, aidé, dans sa démonstration loufoque, d’un service à thé. Il manipule la substantifique moelle du classique et ne recule devant aucune facétie pour enrichir un discours aussi passionnant que caduque.
Presque Hamlet c’est la déclaration d’un amour inconditionnel au jeu, qui mêle stand-up et incarnation désopilante, glissant du cinéma muet à la marionnette, du théâtre d’objet à la pantomime, de la comédie à tragédie, de la connerie au sérieux, entre hommage au théâtre et autoportrait en creux.
Acteur fétiche de trois monuments de la mise en scène, Benno Besson, Matthias Langhoff et Alain Françon, Gilles Privat et son compère Dan Jemmett remontent vingt-deux ans après sa création, un spectacle qui n’a pas pris la moindre ride.
