Water Will (in Melody), une œuvre chorégraphique conçue pour quatre performeurs, prend pour point de départ le mélodrame. Aux prises avec le langage et des notions de « volonté », cette fantaisie dystopique devient un espace de négociation pour le désir, l’imagination et des sentiments d’une fin gagnant du terrain. Déployé avec une inventivité ludique, un paysage humide et caverneux devient l’hôte d’une fiction qui invite l’instabilité, la récréation et la catastrophe. Lewis crée ce monde dans lequel la voix, le geste, le toucher et le mouvement ondulent comme une vague, à la fois douce et houleuse. À travers le langage du mimétisme, Lewis et ses performeurs s’engagent dans la porosité du théâtre en produisant une matérialité aux aspects fantastiques, dont la translucidité laisse filtrer son poids métaphorique et symbolique. S’abandonnant aux possibilités du toucher, le sens se construit et se déconstruit, pavant le chemin d’une organisation d’altérité de vue et de toucher. Par le biais de ce processus d’aliénation, d’extériorisation et de matérialisation, ce mélodrame touche aux limites de sa propre création et donne vie au paysage émotionnel de ses protagonistes et au théâtre lui-même. • La danseuse et chorégraphe américano-dominicaine Ligia Lewis était précédemment à l’affiche du Kaaitheater avec minor matter – pour lequel elle a remporté le prestigieux Bessie Award – et avec Sorrow Swag. En tant que danseuse, on a pu la voir sur la scène du Kaaitheater dans 7 Pleasures de Mette Ingvartsen et dans MONUMENT 0 d’Eszter Salamon. ‘Raw and direct, disturbingly grotesque, suddenly beautifully poetic and unwittingly explicit.’ – Katja Vaghi, bachtrack.com