Ne? dans l’entre-deux-guerres, mon grand-pe?re grandit dans une e?poque fortement marque?e par le nationalisme. La Hongrie est sous le choc de la Premie?re Guerre mondiale, dont elle est sortie perdante et ampute?e des deux tiers de son territoire. Le jeune Imre Miklos Galbats fuit son pays natal a? l’arrive?e de l’arme?e russe a? la fin 1944.
Je ne l’ai jamais connu, mais son absence a suffisamment nourri l’imagi- nation de l’enfant que j’e?tais pour servir de point de de?part et de moteur au travail que je pre?sente. C’est en conside?rant mes origines que j’ai pu de?couvrir un pays, celui que mon grand-pe?re expatrie? a probablement regrette? toute sa vie.
Aujourd’hui encore, des millions de gens, venus d’Afghanistan, du Proche-Orient ou bien d’Afrique, fuient des guerres sans fin. La Hongrie, en tant que premier pays de l’espace Schengen sur la voie des re?fugie?s vers l’Europe de l’Ouest, a re?pondu a? l’afflux de migrants en fermant la fameuse route des Balkans et en baissant un nouveau rideau de fer a? la frontie?re serbo-hongroise.
Vivre et grandir au cœur d’une Europe ouverte, ou? les frontie?res n’existent quasiment plus, nous fait parfois oublier que cette Europe a aussi ses lim- ites. La barrie?re anti-migrants au Sud de la Hongrie en est la mate?rialisa- tion, et elle a de?finitivement change? mon point de vue dans ce travail. Ce nouveau mur contredit l’image de grand de?fenseur des droits de l’Homme que l’Union europe?enne aime donner d’elle-me?me. C’est donc en sillon- nant la Hongrie que j’ai mene? mon enque?te face a? une Europe fissure?e par son Histoire.