Brahms et Bruckner avaient environ le même âge, vivaient à Vienne et se consacraient à la composition de musique absolue. Sans le vouloir, ils devinrent des adversaires : Bruckner – qui, en nouveau wagnérien allemand, s’imposa dans le genre symphonique cher aux traditionnalistes – et Brahms, reconnu par ses admirateurs comme le seul successeur légitime de Beethoven. Ce concert allie l’inalliable et place le Concerto pour violon de Brahms face à la Troisième Symphonie de Bruckner.Le Concerto pour violon de Brahms relève d’une intention profondément symphonique. Le violon n’a pas pour objectif d’exhiber la virtuosité de son instrumentiste, mais sert de « primus inter pares » et prend ainsi largement part au développement des motifs musicaux. Bien qu’il ait d’abord été considéré comme injouable (« Ce n’est pas un concerto pour violon, mais contre lui », Hans von Bülow), le Concerto pour violon de Brahms jouit aujourd’hui d’une place particulière dans le cœur de nombreux solistes et chefs d’orchestre.Bruckner dédia sa Troisième Symphonie à Richard Wagner (« l’inatteignable, mondialement connu et illustre maître de l’art du mot et de la note ») après que ce dernier, certes sous l’influence d’un trop-plein de bière, ait eu des paroles encourageantes au sujet de la partition. Après une création publique catastrophique et de nombreuses révisions, la Troisième Symphonie signa finalement la percée artistique de Bruckner.