Hormis les tenues oranges des prisonniers, peu d’images circulent sur ce qui se
cache réellement derrière les murs de Guantanamo, la base militaire américaine
située à la pointe Est de Cuba tristement célèbre pour être un lieu de tortures et
d’incarcérations.
Entre mars 2014 et janvier 2015, durant trois séjours, la photographe newyorkaise Debi Cornwall a été autorisée à entrer dans l’enceinte de Guantanamo
– Gitmo, comme l’ont surnommé ses occupants – pour réaliser un reportage
photographique à la condition impérative de respecter strictement certaines
règles. Interdiction de photographier le visage des soldats, de prendre la moindre
image des dispositifs de surveillance, obligation d’être perpétuellement escortée
et de faire valider chaque jour les prises de vues enregistrées sur la carte SD de
l’appareil et… de développer dans la foulée les négatifs pour qu’ils puissent être
inspectés, ce qu’elle réalisera dans la baignoire de sa chambre d’hôtel, sous le
regard attentif de son escorte.
Sur base de ses photographies ayant reçu l’aval des militaires, Debi Cornwall a
construit un travail engagé grâce à son expérience d’avocate ayant exercé durant
douze années au barreau de New York.
Apparaissent alors des photographies d’un Gitmo que peu de personnes auraient
imaginé que la photographe a classées en trois séries distinctes, autant de visages
de ce lieu où personne n’a vraiment choisi de vivre.
Photos © Debi Cornwall