Le Discours de l'homme rouge

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A propos

Présenté en collaboration avec Les Midis de la Poésie au sein d’une programmation de spectacles qui traitent différentes modalités de l’altérité, Le Discours de l’homme rouge porte une expérience d’écriture « en mouvement », une parole d’altérité : de la terre des indiens d’Amérique à la terre de Palestine, d’un exil à l’autre. Il met en parallèle le Discours du Chef amérindien Seattle de 1854 et le Discours de l’homme rouge de Mahmoud Darwich de 1992 – le poète palestinien s’étant en quelque sorte « reconnu » dans le propos du premier et le sort de son peuple.

En 1854, Seattle, chef des tribus Duwamish et Suquamish, prononça un discours devenu célèbre devant le Gouverneur du territoire de Washington, Isaac Stevens. Il répondait à l’offre du gouvernement américain qui lui « proposait » d’abandonner sa terre aux blancs, en retour d’une « réserve » pour le peuple amérindien, par un discours d’une étonnante sagesse et d’une grande beauté.
« Nous sommes une partie de la Terre, et elle fait partie de nous. Les fleurs parfumées sont nos soeurs ; le cerf, le cheval, le grand aigle sont nos frères. Les crêtes rocheuses, les sucs dans les prés, la chaleur du poney et l’homme : tous appartiennent à la même famille » dit-il.
Ce texte précurseur de préoccupations écologiques qui résonnent avec force aujourd’hui, est marqué aussi d’une interrogation qui n’est pas moins actuelle sur le cours catastrophique de nos sociétés capitalistes occidentales : « Nous savons que l’homme blanc ne comprend pas nos mœurs. Une parcelle de terre ressemble pour lui à la suivante, car c’est un étranger qui arrive dans la nuit et prend à la terre ce dont il a besoin. La terre n’est pas son frère, mais son ennemi, et lorsqu’il l’a conquise, il va plus loin. Il abandonne la tombe de ses aïeux et cela ne le tracasse pas. Il enlève la terre à ses enfants et cela ne le tracasse pas. »

Mahmoud Darwich est réputé « poète de la cause palestinienne », militant ; cette définition est à jamais trop courte, et au fond inexacte. Elle ne rend pas justice à sa pensée, à son travail poétique, si l’on en juge par cet échange avec une journaliste, en 1992 :
« La plupart du temps nous écrivons pour écrire parce que nous nous aimons davantage penchés sur le papier blanc à le remplir de ce que nous voulons de lettres, de mots et de pensées. »
– Cela signifie-t-il que votre motivation pour l’écriture est strictement littéraire ?
– Parfaitement, littéraire et personnelle. La motivation humaine vient en second. »

Dans le texte de Darwich, il y a d’évidence une identification avec le sort des amérindiens, avec le « peau-rouge »- il aimait d’ailleurs à se considérer lui-même comme tel. À lire ne serait-ce que quelques lignes du Discours du Chef Seattle, on imagine, dans l’instant de la découverte de ce texte par Darwich (sur les conseils d’Élias Sanbar), l’urgence littéraire, poétique qui l’a saisi pour en filer l’écheveau au miroir de sa sensibilité,de sa langue.
Et tandis qu’il se glisse dans la peau de Seattle, se déploie à partir du discours du chef indien, une « traduction créatrice » qui, passant par l’évocation en transparence de l’univers et de l’imaginaire Palestinien, rejoint la parole de tous les grands perdants de l’histoire. Darwich ne dit-il pas, ailleurs : » J’ai choisi d’être un poète troyen. Je suis résolument du camp des perdants » (dans La Palestine comme métaphore) ?

» Ainsi, nous sommes qui nous sommes dans le Mississippi. Et les reliques d’hier nous échoient. Mais la couleur du ciel a changé et la mer à l’Est a changé. O maître des Blancs, seigneur des chevaux, que requiers-tu de ceux qui partent aux arbres de la nuit ? Elevée est notre âme et sacrés sont les pâturages. Et les étoiles sont mots qui illuminent… Scrute-les, et tu liras notre histoire entière : ici nous naquîmes entre feu et eau, et sous peu nous renaîtrons dans les nuages au bord du littoral azuré. Ne meurtris pas davantage l’herbe, elle possède une âme qui défend en nous l’âme de la terre. O seigneur des chevaux, dresse ta monture qu’elle dise à l’âme de la nature son regret de ce que tu fis à nos arbres. Arbre mon frère. Ils t’ont fait souffrir tout comme moi. Ne demande pas miséricorde pour le bûcheron de ma mère et de la tienne. ( … ) »

Il nous sera donné d’entendre tout d’abord Le Discours du Chef Seattle, dans une traduction française, lu par Paul Camus puis Le Discours de l’Homme rouge de Mahmoud Darwich lu en arabe, surtitré en français, par le comédien Amid Chakir.

Avec Amid Chakir & Paul Camus – Surtitrage Rachid Faratou – Oeil extérieur Guillemette Laurent

Coproduction Les Midis de la Poésie
Partenariat Chaire Mahmoud Darwich
Avec nos remerciements aux Editions Actes Sud et à la Fondation Mahmoud Darwich

Langues : Français, Arabe (surtitrage-français de la traduction d’Elias Sanbar aux éditions Actes Sud)

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