Pittoresque ?
A la charnière des 18e et 19e siècles, alors que la société européenne est en pleine mutation, apparaît un nouveau courant artistique étroitement lié au triomphe du romantisme : le pittoresque. Son premier théoricien, W. Gilpin le décrit en 1792 comme une combinaison de rupture, de diversité, de contraste et d’enchevêtrement des éléments.
La naissance d’un nouveau genre littéraire
Héritier des récits de voyage des jeunes nobles du 18e partis sur les traces de l’antiquité, l’album pittoresque n’est pourtant ni une relation de voyage ni un guide touristique : c’est en le parcourant que le lecteur devient voyageur. L’envie de découvrir le monde depuis son fauteuil, le besoin d’affirmer une nation en glorifiant son patrimoine, le goût romantique pour les paysages torturés, les légendes et les émotions, l’élargissement à la classe bourgeoise du cercle des érudits vont trouver dans une nouvelle invention une alliée qui va bouleverser le monde de l’édition : la lithographie. Inventée en 1796 par le munichois A. Senefelder, elle constitue une révolution technique, économique et sociologique qui reflète les exigences de la révolution industrielle. La lithographie est introduite en Belgique en 1817 et y connaît un extraordinaire essor : quelque 950 lithographes y sont dénombrés avant 1865, dont Madou est le plus célèbre.
Le bon filon
Si la lithographie permet des reproductions de vues en forts tirages et à coûts réduits par rapport à la gravure, elle requiert néanmoins des investissements. Trois pratiques modernes vont permettre de développer ce marché : la souscription, notamment auprès de propriétaires de domaines qui pourraient être reproduits, l’alliance de plusieurs talents et la publicité, au sens actuel du terme.
La vallée de la Meuse, si proche, est jalonnée de sites médiévaux romantiques et pittoresques à souhait. Sur les traces d’un précurseur, le général de Howen, des aventuriers belges, puis anglais, vont se lancer dans le développement d’une vision inédite de nos contrées, qui satisfasse à la fois aux canons du pittoresque et au potentiel économique de l’impression lithographique.
Un parcours limpide
Le visiteur est invité à suivre un parcours le menant de l’explication
des caractéristiques du style et du processus de création, vers les sites et les auteurs les plus
remarquables. L’impression générale d’intimité est bien rendue, tant les œuvres
présentées appellent une observation du détail qui nous fait littéralement
entrer dans la litho et d’en ressentir l’émotion romantique. Le catalogue qui
accompagne l’exposition permet de prolonger cette immersion.
Détails pratiques :
Du mardi au dimanche, de 10h à 18h au TreM.a, rue de Fer 24 à 5000 Namur-
Tarif de base 5€, nombreuses réductions. Visites guidées sur demande.
Plus d’info sur les horaires, tarifs et programme de médiation : www.museedesartsanciens.be -
+32/81/77.67.54