Au-delà de l’amitié qui nous relie depuis longtemps, c’est au détour de notre travail artistique que nous nous sommes retrouvées. Nous avons été intriguées par ce qui reliait de façon sous-jacente notre univers graphique et le travail personnel que nous menions chacune de notre côté : une impression étrange de mondes parallèles. La relation muette et secrète entre le monde végétal, humain et animal au centre de nos recherches nous apparaissait si différemment, pour chacune de nous, qu’il nous a semblé presque inversé. Chez Danièle, les eauxfortes ont une écriture incisive et détaillée, les personnages traduisent l’effroi ou la mélancolie, contrairement aux ambiances brumeuses, aux visages absents ou impassibles
dans les lavis de Dominique. Chez l’une, le végétal ou l’animal fait corps avec l’homme alors que les personnages et les animaux chez l’autre semblent enveloppés ou flotter dans l’espace végétal. Les personnages de Danièle sont seuls, isolés dans l’espace vide de la feuille, chez Dominique, ils ne le sont jamais mais ils semblent seuls dans une relation secrète avec le monde qui les entoure. C’est donc cette résonance qui nous a donné l’envie de présenter nos univers respectifs en dialogue. L’accrochage pourrait révéler ce qui nous rassemble profondément : le doute et la fragilité que l’humain peut ressentir dans sa relation au monde et sa tentative de créer un lien.
Danièle Aron et Dominique Van den Bergh