À ses débuts, l’œuvre d’Anne Bonnet (1908-1960) est placée sous le signe de l’animisme : la vie quotidienne est évoquée d’une manière réaliste, en conférant une densité particulière aux êtres et aux choses. Les premiers séjours effectués avec son mari à la Côte belge et en Provence nourrissent son inspiration et orientent sa perception du réel (plans architecturés, lumière du Midi).
La guerre et l’occupation portent un coup d’arrêt à ses recherches picturales : son horizon se limite à son environnement immédiat (sa maison, certains quartiers de Bruxelles). Elle se montre sensible aux cadrages inédits, les formes accusent une géométrisation progressive. Sa participation à La Jeune Peinture Belge entre 1945 et 1948 stimule son travail et l’incite à adopter un autre langage plastique.
Ses déplacements ultérieurs dans le Sud de la France, en Suisse, en Espagne et au Maroc, en Italie, en Grèce et en Turquie, accentuent le passage de la figuration à l’abstraction. Un cimetière turc, une ville orientale dans un mirage se condensent en un dépaysement poétique par l’agencement des compositions et la répartition des couleurs lumineuses. Nombre de tableaux constituent ainsi une cartographie en creux de ses séjours à l’étranger, telle une géographie entre réel et imaginaire.
Lors de ses visites dans certains musées, sa curiosité l’amène à de nouvelles expériences grâce à la découverte d’autres mondes ou de cultures différentes lors de visites de musées : l’univers sous-marin (Monaco), une exposition consacrée à la Mélanésie (Bruxelles).