Après dix épuisantes années de guerre, Troie a été vaincue dans un terrifiant massacre. Alors qu’il est promis à Hermione, Pyrrhus aime Andromaque, la veuve du chef troyen Hector, qu’il a ramenée captive avec son jeune fils Astyanax. Oreste, ambassadeur des Grecs, est venu demander la mise à mort d’Astyanax par crainte qu’il ne veuille venger Troie. Mais Oreste est aussi venu pour Hermione, qu’il aime passionnément. Pyrrhus, lui, ne parvient pas à se faire aimer d’Andromaque et tente de la contraindre à l’épouser en échange de la vie de son fils. Au-delà de l’intrigue amoureuse, le texte résonne à maints égards avec notre actualité mouvementée : il est vrai que Racine démythifie de façon iconoclaste et prémonitoire la boucherie des combats. Et si Andromaque – élevée au rang d’épouse parfaite par la tragédie de Racine – n’était pas soumise à sa tristesse mais incarnait la figure du refus, celle qui triomphe des tyrans ? Car c’est avant tout une pièce sur le consentement : Pyrrhus essaie de forcer Andromaque qui lui tient tête. Voilà bien un spectacle qui montre comment des femmes peuvent retourner le gant de ce que nous appelons les malédictions de nos vies. Agrémentée d’un quatuor instrumental, une équipe artistique internationale remarquable donne chair, ardeur et densité aux affects et au verbe de ce chef-d’œuvre en alexandrins datant de 1667.