“Bestiary” par James B. Webster
Vernissage: Jeudi 21.09 de 15.00 à 22.00
Chez Jonathan F. Kugel
Cabinet de Curiosités Contemporain
rue Watteeu 16, 1000, Bruxelles
Horaires: Jeudi au Samedi de 11.00 à 18.00
& sur rendez-vous.
Populaires au Moyen Âge, les bestiaires sont des ouvrages manuscrits et illustrés compilant des descriptions pseudo-scientifiques de la flore, et surtout, de la faune.
Les illustrations et les descriptions parfois fantaisistes étaient accompagnées de récits moraux qui reflètent la croyance que les êtres et les choses s’inscrivent dans un univers voulu par Dieu et que tous portent une signification particulière.
En bref, les naturalistes du Moyen Ages pensaient que le monde lui-même est la parole de Dieu et l’animal sert dans l’ordre du monde.
Beaucoup des bêtes représentées sont imaginaires, ou peu ressemblantes aux vraies espèces. Les moines qui travaillaient sur ces ouvrages n'avaient jamais observés les animaux exotiques qu’ils dépeignaient, soit en raison de leur éloignement géographique, ou parce qu'ils n'existent que dans les mythes et le folklore. Néanmoins, ces encyclopédies avant l’heure étaient largement lues et généralement considérées comme véridiques. À l'époque, la magie, la foi et la science formaient ensemble le réel.
S'intéresser aux origines des animaux fantastiques du Moyen ages, comme la fameuse licorne, nous ramène à admirer les efforts déployés pour expliquer l’inexplicable. Ces créatures ont été créées pour donner un corps aux rumeurs, pour illustrer l’inconnu, pour l’apprivoiser.
Ainsi la licorne existe car des cornes de licornes étaient retrouvées, nul besoin d'en avoir vu une si nous possédions sa corne. Effectivement, pendant longtemps on attribuait aux licornes les défenses de narval, un animal marin dont la rareté ainsi que son habitat réduit ont contribué à la persistance de cette légende.
La présence dans de lointaines contrées d'un grand cheval avec une corne au milieu du front semblait une explication beaucoup plus convaincante, et rassurante, que l'existence d'un animal marin de 4 mètres avec une excroissance en ivoire pouvant aller jusqu’à 3 mètres de long.
Ces objets, considérés comme magiques se marchandaient à des prix astronomiques. En 1576, Élisabeth Ire d'Angleterre aurait payé une corne 10 000 livres, soit 600 000 euros actuels ou la valeur d'un château à l'époque. Les gens attribuaient des vertus à ces cornes, telle la faculté de neutraliser les poisons, et se faisaient donc faire des gobelets dans cet ivoire. Il a fallu attendre 1704 pour que le lien soit établi avec le narval.
La nature a horreur du vide tout comme l’esprit humain, et nous pourrions rire de la crédulité de nos ancêtres si notre époque ne voyait pas naître de nouveaux concepts tel que la réalité alternative ou la diffusion massive de Fake News poussés par des algorithmes programmés pour nous conforter dans notre vision du monde.
Inspiré par ses voyages dans les villes médiévales d'Écosse, d'Angleterre et de Belgique, James B. Webster a voulu donner une anatomie à ces bêtes et transformer les enluminures en sculptures pour les faire exister dans l’espace.
Jonathan F. Kugel
"Le thème de la parole de Dieu et de l'ignorance de la connaissance a retenu mon attention. Il y a un vaste champ d'idées que j'essaie d’exprimer par le choix des matériaux: mes propres émaux et la feuilles d'or que j’ajoute à la toute fin, pour décrire le sacré. Pour ce travail, j'ai également décidé d'utiliser la terre cuite. Ayant fait des recherches approfondies sur l'art populaire et les émaux utilisés au cours des deux derniers siècles, j'étais intrigué par l'idée de les appliquer à ces matériaux."
James B. Webster
