Michèle Rakotoson viendra nous parler de Lalana.
Dans les années 1990, Naivo et Rivo étouffent à Antananarivo, une ville
enveloppée de poussière rouge et de gaz d’échappement. Copains
d’infortune, ils sont rongés par le malheur, une vie sans rien, sans
avenir, sans rêve. Pour s’en sortir, ils bricolent avec des petits
boulots et des combines. Rien ne leur est épargné. Rivo, qui autrefois
rêvait de jouer au saxophone dans les bars de Paris et de New York, est
dévoré par le sida. Impuissant, Naivo regarde son ami se consumer sur
son lit d’hôpital jusqu’à ce que celui-ci lui demande une dernière
faveur : « emmène-moi à la mer ». « La mer leur a été toujours
interdite. Comment peut-on rêver de la mer quand on gagne cent francs
par mois ? » Avec l’aide de Saroy, Naivo extirpe Rivo d’Antananarivo, de
sa touffeur et de son désespoir. Lalana, la route. Ils traversent les
routes sinueuses de la campagne, les collines et les rizières, baignés
de la lumière ocre de la latérite. Ce voyage s’accompagne de la mémoire
paysanne, de ses croyances et légendes qui ont déserté peu à peu la
capitale. Michèle Rakotoson nous livre un voyage intime avec une force
d’émotion, un voyage sur le chemin de la dignité pour être là, en vie,
présent au monde.
Michèle Rakotoson est née en 1948 à Madagascar. Elle
a été journaliste et responsable des manifestations littéraires à RFI
et directrice littéraire de la Revue noire. Depuis 2008, elle vit à
Madagascar où elle a fondé une association qui favorise l’émergence de
jeunes écrivains. Avec une production littéraire importante, Michèle Rakotoson
est une figure incontournable de la littérature francophone. En 2012,
elle a reçu pour l’ensemble de son œuvre, la grande médaille de la
Francophonie, décernée par l’Académie française.
Fabienne Jonca viendra présenter son nouveau roman Brown Baby.
Dans les années 1950, une famille de Noirs américains fuit la
ségrégation, dans l’espoir de trouver en France un monde « loin des
chagrins et des offenses ». Charly, trompettiste, joue dans les clubs de
Saint-Germain-des-Près, pendant que Rosa est murée dans le silence de
leur chambre de bonne. Comment s’enraciner dans un sol qui n’est pas le
sien ?Sam, leur fils, a soif de ce nouveau monde qui s’ouvre à lui, de
la langue française, de la poésie, de la musique, de la peinture et de
nouvelles rencontres : Nino, Albert, Jean, Ingrid, Ludwig... Mais des
questions se bousculent dans sa tête, depuis toujours. Il s’interroge
sur la couleur de sa peau, caramel, miel, différente de celle de ses
parents et de sa sœur. Peu à peu Sam se confronte au mystère de sa
naissance et découvre un drame qui n’est pas seulement le sien, un drame
historique qui a secoué l’existence de sept mille enfants métis au
lendemain de la Seconde Guerre mondiale.
En Allemagne, entre 1945 et 1955, une vague de bébés métis voit le
jour à la suite des aventures entre les G.I Noirs américains et les
femmes blanches allemandes. Alors que les soldats sont mutés en
Corée
ou au Japon pour leur « inconduite », les mères célibataires,
stigmatisées, sont contraintes de confier leurs enfants à des
orphelinats sous peine de répercussions sociales et économiques. Lorsque
Mabel Grammer, une journaliste afro-américaine découvre ces «
mischlingskinder », ces enfants métis, « orphelins », elle crée le «
Brown Baby plan » leur permettant de trouver une famille d’accueil aux
États-Unis. L’Université de Minnesota dénombre ainsi environ 7 000 Brown
Babies. Le roman de Fabienne Jonca s’inspire de ce drame méconnu.
Au rythme du blues et du jazz, Brown Baby, roman de l’exil, témoigne de la violence de ces vies déracinées et disloquées par le racisme.
La rencontre sera animée par Dulia Lengema, libraire d'Ici sont les lions et aura lieu en présence de Corinne Fleury, éditrice de l'Atelier des nomades.