Nos corps empoisonnés

Il y a de la vitalité et de la joie dans des histoires et des destins qui sont dramatiques ou tragiques.

Marine Bachelot Nguyen.

Du maquis vietnamien au tribunal d’Evry, Tran To Nga n’a cessé de lutter contre l’impérialisme américain. Aujourd’hui, la journaliste et militante de 82 ans, traduit en justice quatorze entreprises de l’agrochimie américaine, parmi lesquelles on retrouve Monsanto-Bayer (Roundup). Mobilisées par l’armée américaine dans le cadre de la guerre du Vietnam, elles sont coresponsables du déversement de 75 millions de litres d’agent orange, un puissant herbicide, sur les forêts et les humains, provoquant des dommages durables et irréversibles. Marine Bachelot Nguyen porte cette histoire vertigineuse dans un seule-en-scène d’une rigueur imparable. À travers la vie de Tran To Nga, incarnée au plateau par Angélica Kiyomi Tisseyre-Sékiné, se dessine une courageuse obstination. Un récit toujours d’actualité, documenté par un dispositif vidéo. Par la justesse des mots, Nos corps empoisonnés tente d’y apporter un peu de réparation et de sérénité.

Autrice, dramaturge et metteuse en scène, Marine Bachelot Nguyen se forme en Lettres et Arts du spectacle, et fonde avec cinq autres auteur·ices la compagnie Lumière d’août. Son écriture mêle approche documentaire et fiction. Elle est lauréate de plusieurs bourses d’écriture et de recherche : CNT, Beaumarchais-SACD, CNL, Hors-les murs, Villa Saïgon, Prix Sony Labou Tansi. Ses pièces sont publiées chez Lansman Editeur. Elle est également membre fondatrice des collectifs HF Bretagne et Décoloniser les Arts.