La compagnie quitte Wuppertal et part en résidence plusieurs semaines dans la ville de Palerme, afin de s’inspirer du lieu, de son ambiance et de son histoire. La ville elle-même est envisagée comme un grand théâtre, avec ses personnages hauts en couleur, sa profusion de détails visuels, sa violence et sa drôlerie décalée. Pina Bausch en retient une cohorte d’impressions fortes, et compose des vignettes incarnées par vingt-deux interprètes du Tanztheater, où de grands contrastes cohabitent dans la danse : la fête et le dénuement, la cérémonie et le trivial, les objets du quotidien et les rebuts du décor jonchant le sol. L’atmosphère y est toujours trouble. Créée un mois après la chute du mur de Berlin, Palermo Palermo prend d’étranges résonances avec le présent d’alors. Elle traverse le temps jusqu’à nous, sans rien perdre de sa force percussive, pour donner peut-être l’espoir de briser « les murs invisibles qui existent partout dans le monde, dans nos têtes », comme l’avait imaginé Pina Bausch lors de sa création.