Depuis 1988 et les premières analyses ADN dans le cadre d’un prétendu viol, d’aucun pouvait imaginer que cette grande révolution technologique allait marquer un tournant majeur dans l’aide à la résolution des enquêtes. C’est bien-sûr sans compter sur la réflexion des scientifiques et des philosophes des sciences ainsi que sur les nécessaires adaptations législatives qui en découlent.
D’un côté, les fictions, romans, séries télévisées et autres films véhiculent l’image d’une science très technologique, puissante, sans erreur, grâce à un charismatique chef de la police assisté d’une séduisante scientifique de laboratoire bouclant en quelques heures l’identification formelle du criminel, photo à l’appui puisée dans une puissante banque de données. La presse, elle, se fera plus volontiers le relais des erreurs judiciaires fondées sur des expertises mal évaluées. Voici donc une double vision biaisée et réductrice de la science forensique, élaborée certes sur un fond de vérité, mais en exagérant les caractéristiques les plus palpitantes jusqu’au travestissement de la réalité.
Aussi posons-nous d’abord quelques questions de fond: la science forensique a-t-elle pour départ le crime ou l’indice-trace ? Son but est-il l’identification de l’origine - la source - de la trace ou de comprendre, au travers de l’étude de la trace, son pouvoir de vecteur à la résolution d’une énigme ? L’enquête judiciaire peut-elle se satisfaire d’un travail de rat de laboratoire ? Nous verrons qu’aujourd’hui se développe une nouvelle vision de l’analyse de la trace en tant qu’indicateur des multiples facettes de la criminalité.
Les sciences forensiques continuent de progresser, les lois évoluent et la Justice se transforme.
Les témoins silencieux que sont les traces oubliées sur la scène de crime, et singulièrement les traces biologiques contenant de l’ADN, n’ont pas fini de faire parler d’eux.