« Il fallait fuir. Mais d’abord, on ne pense pas spontanément à la fuite parce qu’on ignore qu’il existe un ailleurs. On ne sait pas que la fuite est une possibilité. On essaye dans un premier temps d’être comme les autres, et j’ai essayé d’être comme toute le monde. »
Eddy Bellegueule est un enfant considéré par sa famille et les gens du village comme différent des autres. Exclu, harcelé, violenté, Eddy évolue dans un milieu précaire où cinq euros de plus ou de moins font la différence à chaque fin de mois, où les garçons doivent rejeter l’école et mépriser leurs professeur·es, où la seule façon de se construire en tant qu’homme est d’être reconnu comme un dur ! Un monde où le travail à l’usine détruit les corps des ouvrier·ère·s, où l’on se retrouve au chômage du jour au lendemain, où l’on boit pour oublier, où la télévision est allumée à longueur de journée, où écrasé·e·s, abandonné·e·s et déçu·e·s par les gouvernements en place, on vote Front National, car les discours racistes sont omniprésents. Un milieu aussi, où l’on déteste les pédés. Et Eddy est un pédé. Depuis l’écriture de ce premier roman, Édouard Louis a pris une place à part entière dans la vie politique actuelle. Icône générationnelle, il apporte à la littérature une réalité qui en est trop souvent invisibilisée : l’injustice sociale, la violence d’un monde oublié de la classe dominante, où toute différence est vécue comme une faiblesse.