Il nous est arrivé de croiser un Monsieur Legros maigre comme un clou, d’être interpellé méchamment par un certain M. Courtois, alors que M. Sauvage nous a réservé un accueil chaleureux. Ces exemples montrent que nous n’analysons plus les noms de famille, nous les utilisons comme de simples étiquettes.
Au Moyen Âge, dans nos régions, les personnes étaient désignées par un seul nom, le nom de baptême. Pour remédier aux homonymies de plus en plus nombreuses, on a pris l’habitude de faire suivre le nom de baptême par un surnom, par exemple : Jehan Léonard (c’est-à-dire « fils de Léonard”), Jehan Gribomont (d’après le lieu de résidence). À l’origine tout à fait individuels, ces surnoms sont devenus héréditaires.
À partir du décret de 1792 qui a imposé aux communes la tenue de l’état civil, le nom de famille est devenu immuable (en principe). Dans nos régions, ce nom était un patronyme. À présent, la loi a changé et il peut être aussi un matronyme.
Dans nos noms de famille se lit la complexité de l’histoire de nos régions depuis la fin du Moyen Âge ; une histoire que, souvent, on ne peut découvrir par d’autres sources.
La conférence est donnée par Jean-Marie Pierret, professeur émérite de l’UCLouvain, où il a donné des cours de linguistique française, de dialectologie et de folklore wallons. Il est membre de la Commission de toponymie et dialectologie.