Seule sur scène, une femme se fait l’enquêtrice de sa propre vie : la rencontre, la vie de couple, la confiance partagée, la fierté de celui qu’elle aime d’être son élu, les enfants qui naissent, sa vie professionnelle, le poste qu’elle a obtenu au culot, la boîte fondée avec un collègue qui atteindra bientôt les sommets. Elle nous ressemble, elle nous fait rire, cette femme, puis l’humour s’estompe, et le drame infuse peu à peu sa voix comme l’encre le fait sur un buvard et son récit, débuté comme un stand-up, se poursuit insidieusement en thriller rongé par l’acide d’une masculinité toxique, pour aboutir à la tragédie.
Construit comme un puzzle, nous faisant passer du rire à l’effroi, Girls and boys est un texte où l’on retrouve le ton acerbe et critique, l’humour noir et le regard sans concession du scénariste et dramaturge qui ont valu à Dennis Kelly d’être catalogué comme écrivain d’un théâtre in-yer-face (théâtre coup de poing). France Bastoen, comme l’a écrit le journaliste Didier Béclard, « habite magistralement cette femme et l’actrice désignée meilleure interprète par les Prix Maeterlinck de la Critique en 2022, épouse les émotions contrastées de son personnage avec une force et une justesse impressionnantes ».
Les six dernières représentations bruxelloises d’un spectacle magistral.