A propos
Au centre du plateau, une femme seule. Seule ou peut-être pas. Il semble que l’espace soit hanté. En témoignent des présences furtives, des sons larvés et puis des figures fantomatiques qui surgissent çà et là, prenant de plus en plus de place, nous chuchotant à l’oreille, se dressant dans l’image comme les gardiennes d’un secret. Serait-ce ces mânes qui errent sans fin et troublent notre présent avec un irréparable passé ?
Une femme se tient là et ne sait plus ce qui parle en elle, de son propre vécu ou de celui de ses ancêtres. Elle tente de décrypter ces bruissements qui ressemblent furieusement à un complot contre le vivant. Quelle issue choisir, comment sortir de la chaîne des générations, comment vivre une aube qui ne soit empruntée à la nuit ?
Nicole Mossoux, qui a exploré dans différents spectacles le rapport à la marionnette, à l’ombre ou à l’objet manipulé, est cette fois en prise avec le monde du sonore. Comme en écho à ses gestes, on entend différents éléments grincer, crisser, claquer, se manifester. Paraissant empruntée à un tableau de Vermeer, elle quitte et retrouve inlassablement le même point, emmène, comme s’extirpant de son corps, des silhouettes animées : ectoplasmes hâtifs, spectres dégingandés qui surgissent, importuns, avec des intentions pour le moins troubles. Les sons produits en direct – par Mikha Wajnrych et Thomas Turine – leur donnent une consistance paradoxale, quand c’est le personnage vivant qui s’efface, à l’instigation des fantômes qu’il a produits. Le sonore devient alors trompe-l’œil.