Dans cette performance, Mohamed Toukabri démantèle les hiérarchies ancrées dans le corps, questionnant qui peut bouger, comment et pourquoi. La pièce respire l’urgence de décoloniser l’imagination, de créer un espace où les traditions de la danse ne sont pas en concurrence ou hiérarchisées, mais coexistent et dialoguent, où des formes longtemps considérées comme inférieures tiennent leur place face aux formes canonisées, où la virtuosité et la vulnérabilité s’unissent.
Le titre – en français « Tout-le-monde-sait-ce-que-demain-apporte-et-nous-savons-tous-ce-qui-est-arrivé-hier » – est à la fois une provocation et un rappel : le poids de l’histoire nous accompagne et la danse de demain est façonnée par les choix d’aujourd’hui. Quelle responsabilité avons-nous dans ce que nous transmettons, effaçons ou maintenons ? Le spectacle n’offre pas de réponses, mais insiste sur le fait que nous sommes impliqué·es, en tant que témoins, dans l’acte de réimaginer.
Le refus audacieux de se contenter d’une solution rend ce moment du parcours de Mohamed Toukabri saisissant. Après avoir perfectionné son art dans la rue et au sein d’institutions, il revendique aujourd’hui une voix chorégraphique qui lui est propre : enracinée mais non liée, profondément personnelle mais s’adressant à une prise de conscience collective. C’est plus qu’un solo, c’est une invitation à aller au-delà du connu, dans une danse où tous les corps, toutes les histoires ont leur place.
En co-présentation avec Charleroi danse, dans le cadre du Festival Legs.
