A propos
Dans la cour de récré, on traitait Myriem Akheddiou, Jasmina Douieb, Monia Douieb, Hakim Louk’man et Othmane Moumen de moutoufs, une insulte bruxelloise pour désigner les marocain·es. Aujourd’hui, devenu·es hommes et femmes de théâtre, ils et elles en rient, mais seulement aujourd’hui. L’attaque elle-même manquait sa cible car, né·es d’un papa marocain et d’une maman belge, ils et elles se sentaient toujours partagé·es entre deux mondes… plutôt des semi-moutoufs. Ce spectacle, c’est l’histoire de cinq Belges qui ont un père marocain. Ça aurait pu être l’histoire de cinq Marocain·es qui ont une mère belge… Sauf que non, justement… Mais pourquoi ?
Pour répondre à cette question, Hakim, Jasmina, Monia, Myriem et Othmane ont interrogé leurs pères et leurs mères et, tels des saumons, ont remonté la rivière de leurs identités. Les cinq zinnekes partagent, à travers une écriture collective et polyphonique, les fruits de leurs enquêtes, les mettant face aux mosaïques intimes sur lesquelles ils et elles ont tenté de se construire : clichés, malaises, rejets, silences, évidences, histoires vraies ou fantasmées… On garde quoi d’un héritage peu ou pas transmis ?
Pour représenter ce voyage, cinq cabines de photomaton, comme cinq intimités dans l’espace public, cinq petites maisons identitaires qu’ils et elles portent tels des escargots. Avec tendresse, humour et justesse, Moutoufs pose un regard sur la mixité des origines, sur cette part d’héritage qui ne parvient jamais, sur ces traces qui se perdent entre générations, sur ces manques qui altèrent nos intimités et sur lesquels on ne se construit qu’avec difficulté. Une docufiction qui se déploie par fragments et permet d’ouvrir l’intimité tout comme le dialogue.