Alicja Polechonska entrouvre une porte sur le mystère du Christ. Une brèche dans la surface visible des choses. Avec ses aquarelles inspirées du Nouveau Testament, elle ne cherche ni l’illustration littérale ni l’exégèse picturale. Elle capte ce qui
se glisse entre les mots et ce qui vibre dans les silences. Née en Pologne et
nourrie à la fois par l’iconographie chrétienne d’Europe de l’Est et par la
délicatesse des écoles picturales occidentales, Alicja Polechonska trace un
chemin personnel, un dialogue intime avec les textes sacrés. Elle aborde les
Évangiles comme on traverse un paysage avec lenteur, humilité et
émerveillement. À première vue, ses œuvres semblent éthérées, presque fragiles.
Mais qu’on ne s’y trompe pas ! Derrière cette douceur apparente se cache
une puissance spirituelle contenue/ la matière des pigments, le jeu du pinceau
et les fondus sont les instruments d’une quête. Une quête de lumière, de foi et
d’humanité. Les figures bibliques qu’elle représente ne sont pas figées dans
une historicité illustrative. Marie, Jean le Baptiste, Marie-Madeleine ou les Apôtres ne sont pas des icônes hiératiques. Ils possèdent
des présences, le visage de la grâce et sont traversés par l’espérance. Les
regards sont pensifs, les gestes retenus. Rien de spectaculaire ! Tout est
intériorité. Chaque aquarelle agit comme une parabole. Elle ne livre pas une
vérité toute faite, et invite à une méditation. Alicja Polechonska peint ce qui
ne se montre pas : la paix intérieure, la révélation muette et la foi. Le choix
de l’aquarelle n’a rien d’anodin. Cette technique impose le lâcher-prise, le
dialogue avec l’imprévisible et l’immédiateté comme la foi, qui demande
confiance et acceptation. Certaines œuvres sont presque abstraites avec des
éléments dilués et des silhouette à peine esquissées. D’autres sont plus
figuratives,et jamais totalement réalistes. Tout dans son œuvre parle de
passage, de seuil et de révélation intime. Elle peint l’invisible du visible.