« Oreste aime Hermione, qui aime Pyrrhus, qui aime Andromaque, qui cherche à protéger son fils Astyanax tout en restant fidèle au souvenir de son mari, Hector, tué par Achille en combat singulier pendant la guerre de Troie » : ainsi résumée, la pièce de Racine ne semble plus ni nous concerner, ni nous émouvoir.
Que faire de la tragédie aujourd’hui, dans un temps où elle paraît obsolète ?
Pourquoi à notre époque (re)monter ce répertoire vu et revu, adapté et réadapté, bref « usé » ?
Repus à outrance de l’actualité du monde, sommes-nous encore capables de nous confronter à ces vestiges du passé ?
Et en quoi fréquenter la tragédie pourrait-il paradoxalement nous rendre plus fort ?
Autant de questions auxquelles Raven Rüell et le collectif La Brute s’attacheront à répondre, montrant la force et la nécessité de ce répertoire, où tous les maux et gangrènes de notre humanité sont convoqués : amour, haine, jalousie, guerre, mort, trahison, folie. Andromaque, donc. Mais pas n’importe laquelle. Une Andromaque qu’il n’est besoin ni de réécrire ni de moderniser, mais bien de faire entendre, en dépit des attentes ou des préjugés. Créer, entre la scène et la salle, les passerelles nécessaires pour sortir l’œuvre du musée, s’appuyant sur cet apparent paradoxe : montrer à la fois qu’on ne veut plus de cette forme mais qu’elle a encore toute sa place aujourd’hui.