« Il faut représenter la vie non pas telle qu’elle est, et non pas telle qu’elle doit être, mais telle qu’elle apparaît dans les rêves. »
Treplev rêve de formes nouvelles. Sur le petit théâtre de fortune qu’il a planté devant le lac qui borde la propriété familiale, il va jouer sa nouvelle pièce devant sa mère, actrice en vue à Moscou, et Trigorine, auteur à succès et amant d’Arkadina. L’oncle Sorine, propriétaire du domaine, Chamraïev, son intendant, Paulina, sa femme, Macha, sa fille, Medvendenko, l’instituteur et le docteur Dorn feront partie du public. C’est à sa voisine Nina que Treplev a confié le rôle principal de sa pièce. Il l’aime. Elle rêve d’être actrice. La famille est en villégiature. C’est l’été. La saison théâtrale est terminée.
La mouette mêle déchirements passionnels et inégalités de classe, théâtre et intimité, conflits de générations, miroir aux alouettes du succès facile et combat des formes nouvelles contre l’académisme. Elle raconte aussi le vertige du temps qui passe et du temps qu’il fait, de la jeunesse qui s’enfuit, de la mort qui vient et des rêves déçus ou réalisés. Le retour obsédant de l’enfance. La beauté cruelle de la vie toute nue.
Dépeignant une famille, elle dit le monde ; observant les artistes à hauteur d’homme et de femmes, exhibant leurs fragilités. Des êtres insignifiants, au fond, représentant la majorité, et qui sont bouleversants très précisément à cause de cela.