Persévérer face à l’inconnu, quel qu’il soit, quoi qu’il en coûte : cette qualité archaïque signe, pour Euripides Laskaridis, notre humanité. Ses créations nous plongent dans un chaos que tente de contrer une organisation détaillée, prête pour survivre à toutes les transformations, célestes et grotesques.
La formidable puissance visuelle de ses œuvres détourne, brise et magnifie des matériaux quotidiens, insignifiants, mineurs, mais soudain doués d’une force évocatoire hilarante et déchirante, d’une inquiétante séduction.
On songe au Nieztche du Gai Savoir : « L’apparence, pour moi, c’est la réalité agissante et vivante elle-même qui, dans sa faculté d’être ironique à son propre égard, va jusqu’à me faire sentir qu’il n’y a là qu’apparence, feu follet et danse des elfes, et rien de plus – que parmi tous ces rêveurs, moi aussi, en tant que « connaissant », je danse ma propre danse »
Extraordinaire créateur de personnages, Laskaridis fait danser dieux et monstres, humains et machines, l’instant et l’éternité, avec la sûreté souriante des somnambules marchant à l’aplomb de l’abîme.