Quel est ce geste qu’il dit ne pas regretter? Le voilà, ce jeune homme, qui déroule son histoire comme il déroule sa rage, son mal être. Il n’est ni en aveu et ne réclame rien. Devant son avocat commis d’office, il raconte avec une ironie mordante et sans la moindre déférence, les faits. Les charges qui pèsent contre lui sont plus que sérieuses. Se dévoilent les raisons qui l’ont poussé à la colère, la rage qui l’anime et le pourquoi de son geste : un père froid qui l’a toujours humilié, ignoré ; une société gouvernée par les apparences et l’omniprésence de la religion ; la domination sans partage des plus forts sur les plus faibles ; la pauvreté, la saleté, le mépris des animaux et de l’environnement.
Heureusement, il y a Bela, la chienne, rencontrée par hasard. Il la recueille toute petite, la soigne, et lui donne tout l’amour qu’il n’a jamais reçu et ce, contre l’avis de ses parents. A eux deux, ils grandissent, se protègent mutuellement, deviennent de vrais complices, se soutiennent pour affronter l’adversité d’une société cruelle faite de compromis, de corruptions et de compromissions. Entre eux, un amour inconditionnel.
Mais dans ce pays, le gouvernement ordonne de tuer les chiens « pour que la rage ne se propage pas dans le peuple ». Pourtant la rage est déjà là. Alors quand Bela a été tuée, il a bien fallu la venger.
Yamen Manai nous conte avec fougue le cruel éveil au monde d’un adolescent révolté par les injustices et la violence d’une société envers ses enfants.