Le commissaire de cette exposition, le critique d’art Lucien Rama, nous présente l’artiste : jamais le geste n’est brutal, ni désordonné dans les sculptures métalliques de cet artiste italien, originaire de Bergame. Les œuvres lyriques de Giovanni Gelmi (1953) refusent toujours la pesanteur, car elles portent en elle la fragilité de la vie.
Né en Italie, non loin du lac de Côme, ce sculpteur a grandi à Seraing, une ville qui conjugue l’acier, le verre et le charbon.
C'est d'abord par la peinture qu’il a exprimé ses visions de son univers poétique, un monde minéral parfois chaotique. En témoignent ses premières toiles à l’huile, où la matière a très vite joué un rôle primordial en se densifiant au fur et à mesure qu'il l'enrichissait avec d'autres substances minérales.
Mais c’est la densification de la matière qui a provoqué sa rencontre avec le métal. Le sculpteur a ainsi succédé au peintre.
Ce qui frappe dans le travail de Gelmi, c'est l'éclectisme de ses œuvres, mais également la grande dextérité du soudeur. Tantôt des réalisations à la
facture puissante mettent en avant la brutalité de l'acier - qu'il aime à marier au mouvement -, tantôt des œuvres plus fines, plus légères, plus
sophistiquées, se moquent du point d'équilibre et la musicalité l’emporte.
Voilà un sculpteur, professeur de soudure en substance, qui a su, à merveille, déjouer les catégories d’un art qui repose sur un vrai métier. Ainsi Gelmi assemble d’improbables coques d'acier polies ou noircies, aux allures de totems, qu’il dépose dans son jardin d’artiste.
Et s’il en maîtrise les formes, parlantes, c’est surtout pour les conduire jusqu’à leur magnificence car le métal n'est pas seulement de la masse, c'est aussi de la couleur et des textures. Peut-être est-ce là que le peintre reprend sa place en associant avec harmonie l’absence d’éclats
de l’acier corten avec les patines, le laiton ou la rouille...
