Nature vs culture en forêt de Soignes
Aux portes de Bruxelles, une forêt. Son histoire est ancienne: identifiée comme l’une des forêts primaires d’Europe de l’ouest, César la mentionne dans ses commentaires sur la conquête de la Gaule. Profondément exploitée au Moyen-Âge, elle le fut aussi en temps de guerre ou plus récemment lors de la construction d’infrastructures de transport.
Pourtant pour de nombreuses personnes, la forêt de Soignes fait office de poumon vert en Belgique. Elle incarne l’espace naturel par excellence, coupé de la ville et du monde humain. Or, sa gestion implique de nombreuses activités humaines. Plantation d’essences, entretien des chemins, coupe de bois mort côtoient un système biologique complexe fait d’échange de matière et d’énergie.
Avec Hercynienne, l’ambivalence de cet espace où se côtoient entropie naturelle et sylviculture est révélée par le photographe Téo Becher. Ses images mettent en évidence des formes nettes, tranchées, ordonnées, conséquences logiques de l’impact de l’homme. Mais aussi des traits géométriques suggérés par le positionnement des arbres, l’enchevêtrement des branches, résultat de l’apparent chaos de la nature.
En entremêlant images, textes, expérimentations photographiques, atelier, ballade en forêt en compagnie de gardes forestier•e•s, cahiers de recherche, Hercynienne nous partage de multiples façons les questions qui ont balisé le cheminement de l’artiste. Elle nous avale, nous plonge dans un univers visuel intense, complexe et dense. Elle nous sonde aussi, avec d’importantes questions.
Ne serait-il pas temps de faire face aux enjeux qui guettent la nature dans les années à venir? La forêt telle qu’on la connaît sera-t-elle “la nature de demain” ? C'est-à-dire un espace hybride où de nouvelles interactions se font, où l’humain occupe une place qui n’implique pas forcément l’exploitation et la destruction d’un écosystème ?
