Julius Eastman est né à Harlem en 1940 et mort dans l’indigence et quasiment l’oubli en 1990. Noir, ouvertement gay, auteur de performances qui font scandale, il marque la scène minimaliste new-yorkaise mais il faut attendre le début des années 2000 pour que son œuvre circule à nouveau. Calixto Neto, dont le travail s’attache à raconter des existences périphériques et leurs trajectoires singulières, entame dès lors un dialogue créatif avec cette œuvre immense à la puissance politique affirmée. Notamment en se concentrant sur la composition Evil Nigger qui met en relief les tensions à l’intersection des questions de dominations raciales et des existences queer. Avec Bruits Marrons, l’artiste brésilien et son équipe convoquent le marronnage comme possibilité de déviation, stratégie pour recréer une organisation communautaire à l’abri du pouvoir dominant. Il s’agit d’inventer des façons de résister, d’organiser la rage, dans un dialogue artistique entre des colères qui se parlent, dans un geste créatif qui traverse les époques pour alimenter un feu contemporain.