Il est souvent passionnant de voir comment deux danseuses-interprètes se rencontrent dans un espace d’exploration commun. Marie Goudot et Sophia Dinkel, toutes deux investies dans la création et la transmission, passées par la compagnie Rosas et actives dans des réflexions collectives autour de la danse, engagent là le tissage d’un duo qui se nourrit de leurs trajectoires respectives et partagées. Leur écriture en tandem, prise dans un flux de mouvements et de textures sonores, met au travail des gestes qui rebondissent sur leurs expériences passées. Leurs présences cherchent des modes de relation, à la fois pour se défaire d’anciennes peaux et en essayer de nouvelles. Elles inventent ici un endroit pour laisser exister les désirs et les questionnements qui ont la place de surgir lorsque l’on s’affranchit des injonctions, des projections. Elles y sondent des zones sensibles, qui touchent au statut d’interprète, aux rapports de pouvoir et de genre dans la création chorégraphique. Partager le vide pour mieux faire confiance aux multiplicités d’être, qui éclosent lorsque l’espace est enfin disponible.