La question de la préservation de nos environnements engendre un mélange complexe d'émotions : la tristesse, le découragement, la déception, la colère et l’abattement contrastent avec la soif d'espoir et d'un avenir positif. Cette contradiction se retrouve dans des concepts tels que la saudade et la bouysè. La saudade [sodadʒi] est un mot portugais qui n'a pas d'équivalent en anglais ou en français, et qui désigne un état émotionnel complexe oscillant entre la nostalgie, la douce tristesse et l'espoir, et qui a trait au temps qui passe. Bousyè [bu:sjɛ] est un mot créole guadeloupéen décrivant littéralement l'état d'un crustacé lors de la mue : sa carapace se ramollit et s'affaiblit pour donner naissance à une nouvelle carapace plus grande. Au sens figuré, il s'agit de l'acceptation par une personne de sa propre vulnérabilité afin d'accueillir une évolution indispensable. Gounouj incorpore en outre des sons d'oiseaux enregistrés sur place, une mer agitée et une symphonie de grenouilles qui capture de manière caractéristique l'éveil dans le lieu : quelque part dans la zone crépusculaire entre le jour et la nuit.
Saudade et bousyè alimentent les mouvements des danseur·euses comme une « tension entre les opposés » : un passage entre des états polarisants. Il en résulte un spectacle énergique et dynamique, propulsé par un plaisir de danser à la fois physique et sans compromis.
• Léo Lérus (Les Abymes, Guadeloupe, 1980) a d'abord appris le Gwoka, la danse traditionnelle guadeloupéenne, ainsi que la danse contemporaine et classique avec la chorégraphe et pédagogue Léna Blou. Sur les conseils de cette dernière, il part à l'âge de 14 ans étudier au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris (CNSMDP) pour se former à la danse contemporaine. En 1999, il débute sa carrière professionnelle avec plusieurs compagnies de danse internationales, dont la Random Dance Company (Wayne McGregor), la Batsheva Dance Company (Ohad Naharin), les WinterGuests (Alan Lucien Oyen) et la L-E-V Dance Company (Sharon Eyal/Gai Behar). À partir de 2010, ses premières créations sont présentées dans divers lieux et festivals internationaux : Festival Sur les Frontières à Chaillot - Théâtre national de la Danse, Paris