Ailyn, Bruno, Guillaume et Florence ont fait l’expérience de la folie. Ils racontent leur traversée, leur moment psychotique, leur décompensation d’humain qui déborde. Dans le calme de son bureau citadin, une femme solitaire écoute leurs récits archivés sur des cassettes. Que provoquent ces histoires d’effondrements, où peuvent-elles mener ? Soudain les eaux anthracites et glacées de l’Arctique sont fendues par la quille d’un voilier fantôme, vagues claquantes, bloc de glaces, falaises saillantes, dômes neigeux, des paysages lunaires époustouflants, cristallisées par le froid. Il n’y a plus de doute, c’est au cœur de l’altérité que nous embarque "L’Ancre". Un voyage sensoriel, où les éléments de la terre, eau, glace, roche, font concert pour nous parler d’un état "extraordinaire" qui n’est pas une affaire personnelle comme l’énonçait Francesco de Tosquelles, anarchiste psychiatre. Jen Debauche rassemble ici le travail de sept années d’études des motifs de la folie, et nous livre un film bouleversant, tendre et poétique qui interroge le statut d’un état à la fois pathologique et libérateur. Les images qu’elle a réalisées, caméra 16mm au poing, en haut du mat d’un vieux gréement voguant vers le pôle nord, en disent long sur la hauteur de son point de vue.
Les séances du 12.9, 20.9 et 5.10 seront suivies d’une rencontre avec la réalisatrice