Les photographies d‘Irmel Kamp ne peuvent être évoquées sans un discours sur l’architecture. En effet, rares sont les photographes ayant accordé de manière aussi systématique une place centrale à l’architecture dans leur œuvre. Irmel Kamp y est parvenue à la même époque que Bernd et Hilla Becher. L’artiste jouissant depuis longtemps d’une excellente réputation parmi leurs étudiant Friedrich Wilhelm Joseph von Schelling disait dès le début du 19ème siècle de l‘architecture qu’elle était comme de la musique figée, partageant en cela l’opinion largement répandue selon laquelle la musique et l’architecture contenaient ce qui s’approchait le plus de l’essence de la culture européenne telle qu’on la voyait à cette époque. Il était question de « l’impérieuse puissance de dimensions éternelles », que l’Europe avait offerte au monde, sous les noms les plus variés. La chrétienté, plus tard le rationalisme.
Avec Bruxelles et Tel Aviv, l’IKOB expose la première rétrospective muséale de cette artiste. Le point de départ est formé de deux séries d’œuvres auxquelles Irmel Kamp se consacre depuis des décennies.
Il s’agit d’une part de Tel Aviv, ville israelienne connue pour avoir préservé un ensemble d’architecture moderne dans sa forme la plus pure, et d’autre part de Bruxelles, dont le modernisme est marqué par un mélange original de Stijl, Art Nouveau et Bauhaus. La mise en confrontation des deux séries met en évidence de manière frappante la ressemblance des sources de ces deux traditions architecturales, ainsi que l’influence majeure exercée par les architectes contraints à l’émigration sur l’image du nouvel Etat d’Israël. Les images de Bruxelles montrent en même temps l’empreinte forte des colonies sur la capitale de la Belgique.