A propos
À une époque où les inégalités, les privilèges et les systèmes d’oppression sont mis à nu, le présent s’apparente à une crise en mouvement perpétuel. Les urgences politiques, écologiques et affectives se croisent avec l’effritement d’un langage commun, dessinant un moment marqué par la rupture et la désorientation. Dans un tel contexte, le fait de se rassembler — de faire place à des formes plurielles de savoirs et d’expressions — devient non seulement urgent, mais aussi porteur de transformation.
There’s a Crack in Everything réunit un groupe d’artistes dont les pratiques interrogent la stabilité de l’identité, du territoire et de l’appartenance. À travers des gestes intimes ou abstraits, matériels ou conceptuels, leurs œuvres bousculent les significations figées et révèlent les contours poreux et mouvants du soi et du social.
Le Musée Juif de Belgique, situé entre son incarnation passée et une réinvention future, accueille cette exposition comme le reflet de sa propre condition transitoire. L’ancien bâtiment du musée — tour à tour maison d’habitation, école allemande, prison militaire, entrepôt pour instruments de musique — devient un acteur à part entière du projet, ses couches d’usage et de mémoire se superposant au présent. Cette histoire stratifiée résonne avec l’élan central de l’exposition : réfléchir à la manière dont l’expérience humaine se construit dans la relation, la rupture et la réparation.
Face à la polarisation croissante du monde, le Musée Juif de Belgique réaffirme sa conviction que les espaces d’art doivent rester des lieux où la complexité n’est pas réduite au silence, mais accueillie. Plutôt que de rechercher le confort ou le consensus, cette exposition affirme la responsabilité du musée de créer les conditions dans lesquelles la pensée peut s’épanouir — des espaces où le désaccord est possible.
Le titre, emprunté à une chanson de Leonard Cohen — There’s a crack in everything, that’s how the light gets in — envisage la fragilité non pas comme un échec, mais comme une possibilité. Les fissures sont des points d’entrée : pour la lumière, pour le doute, pour le renouveau. Dans cet esprit, l’exposition met en avant la vulnérabilité comme un lieu de résistance et de réinvention.