Nous voilà à Okionuk, un village recouvert de neige où le langage est un trésor. Youma, 14 ans, sourde, y grandit avec une langue riche et vivante, jusqu’à l’arrivée d’un marchand venu troquer des objets contre des mots. Cent vocables pour un grille-pain. Peu à peu, la langue disparaît.
D’abord les termes jugés superflus, puis les autres. Les habitants et habitantes ne savent plus nommer leur monde, exprimer leurs pensées, identifier les mécanismes d’oppression. Et s’installe alors la violence.
Léonore Confino signe une fable poétique, fantastique et cruelle, où le sacrifice du langage entraîne celui de la mémoire, de l’imaginaire et du lien social. En cédant leurs mots, les villageois et villageoises échangent leur richesse intérieure contre des biens matériels et se condamnent à un présent sans profondeur. Dans ce chaos, Youma et son interprète Gurven résistent grâce à la langue des signes. Entre eux, une langue hybride se construit, mêlant gestes et voix, offrant un espace de liberté face à l’effacement.
Le village des sourds explore la puissance des langues, orales ou signées, et leur rôle fondamental dans notre humanité. Un conte engagé et sensoriel qui questionne notre rapport aux mots : appauvrir la langue, c’est réduire la pensée et la possibilité de rêver un autre monde.