Plongés dans cette nuit fatidique, ils tentent d’en extraire un spectacle. Mais quel spectacle ? Quelle histoire veulent-ils raconter, et comment ?
En une nuit n’est pas une pièce comme les autres. C’est plutôt un laboratoire pour un théâtre encore à inventer. Sur scène, les acteurs brouillent les lignes narratives et nous entraînent dans leurs rêves, leurs questions et leurs débats. Ils engagent leurs corps dans une quête d’émotions nouvelles, et jouent comme des enfants, oscillant entre espoir et réalité.
En s’immergeant dans les luttes et l’héritage de Pasolini, ils rejouent des scènes, confrontent leurs hypothèses, accumulent des pistes, et imaginent une œuvre écrite collectivement, vibrante, inachevée, et d’une vitalité extraordinaire à la lumière de notre époque.
L’enthousiaste et éclectique Pasolini n’a cessé d’alerter ses contemporains sur le danger menaçant les cultures paysannes et ouvrières. Il laisse derrière lui une œuvre riche et tumultueuse, marquée par la disparition annoncée de modes de vie fragiles, dans les banlieues des grandes villes et les villages reculés d’Italie. Il défendait leurs dialectes et leurs folklores contre l’uniformisation et la force destructrice de la société mondiale de consommation.
Cette nuit-là, avec lui, c’est tout un monde qui est mort. Que pouvons-nous faire aujourd’hui de ces formes de vie disparues, de ces langues, de ces corps ? Comment raviver cet héritage qui nous a été volé, pour raconter un nouveau récit du monde, depuis le point de vue des perdants ? Comment briser notre pessimisme et notre nostalgie pour puiser dans le passé la force d’imaginer de nouveaux actes de résistance pour l’avenir ?