Tel, la plus récente réalisation de Pierre Toussaint, fait montre de radicalité. Dans l’absence d’un quelconque sujet d’abord, comme s’il s’agissait d’un travail sur rien. Dans l’évitement de la contextualisation ensuite.
Ici, pas d’indication de lieu – comment devinerait-on que ces images ont été prises au Vietnam? – et pas d’indication d’époque, si ce n’est celle, évidente, que l’on est à l’ère de la photographie.
Dans la modestie de la forme enfin, même si l’on pourrait croire qu’elle est par défaut au centre des préoccupations du photographe: pas d’esthétique spectaculaire, pas de contraste exacerbé, pas de plongées ni de contreplongées vertigineuses...
En bref, dans cet ensemble d’images on ne trouve ni récit ni volonté de description de ce qui a été,
pas plus que d’esbroufe de la forme d’ailleurs. Mais quoi alors? Sans aucun doute un attachement à
la syntaxe de l’image photographique; au rapport du flou et du net, à leur texture respective, à la distinction du flou de mise au point et du trouble du bougé, aux gris, à leurs dégradés, au grain d’argent et à ses miroitements, au papier et à sa brillance. Autant d’attachements qui dénotent en l’auteur un amoureux de l’intime matière de la photographie argentique.