Déhanchements tantôt vifs, tantôt sinueux, ondulations et mouvements souples de reins, des cinq danseurs mis en scène par la chorégraphe franco-ivoirienne Nadia Beugré, on ne verra pas le visage. La chorégraphie qui les relie et qu’ils exécutent uniquement de dos, se nourrit de techniques et de styles de danses utilisant principalement le bassin. De par leur usage insistant des fessiers, ces pratiques se voient qualifiées de plus féminines et mettent à l’épreuve voire ébrèchent une masculinité durement construite et assimilée. Des caractéristiques que Nadia Beugré retrouve par exemple dans le funk carioca, interprété ou pastiché par des hommes à la masculinité affirmée, et donnant naissance à de nouveaux courants. Partant d’un jeu brouillant nos perceptions du genre en inversant les attributs masculins / féminins, la chorégraphe place le public dans une situation de voyeurisme qu’elle associe au fruit de ses recherches sur l’appréhension du corps, notamment noir et masculin, dans l’Histoire et aujourd’hui. En référence à une série de photos de marchés aux esclaves en Côte d’Ivoire que l’artiste a consultée, L’Homme rare devient aussi une réflexion sur le regard marchand porté par les Européen·nes sur les corps noirs, et sa persistance de nos jours.
Presentation: Kunstenfestivaldesarts-Théâtre National
Creation, choreography: Nadia Beugré | Performers: Lucas Nicot, Daouda Keita, Nadim Bahsoun, Tahi Vadel Guei, Marius Moguiba | Technical direction, light: Anthony Merlaud | Lighting control: Beatriz Kaysel Velasco | External eye: Faustin Linyekula | Production: Studios Kabako / Virginie Dupray | Coproduction: Kunstenfestivaldesarts, Théâtre de la Ville, Festival d’Automne à Paris, Montpellier Danse 2019/2020 | Residency: Agora – cité internationale de la danse | Residency supported by: Fondation BNP Paribas, CCN2 – Centre Chorégraphique National de Grenoble, Centre Chorégraphique National d’Orléans (direction Maud Le Pladec), Kunstencentrum Vooruit, Musée de la Danse – Centre Chorégraphique National de Rennes et de Bretagne, BIT Teatergarasjen | With the support of: L’échangeur CDCN Hauts-de France (Studio Libre)?| Thanks to: Latitudes Contemporaines
© Ruben Pioline