Francisco Camacho, qui vit entre le Portugal et la Sardaigne, a invité Meg Stuart à venir découvrir l’île, son terrain, sa culture. Le duo plonge alors dans l’héritage de la culture nuragique, civilisation qui peuplait l’endroit au cours du premier âge du bronze, naviguant entre les statues de géants de pierre qui gardaient autrefois les rives pour effrayer les envahisseurs et les figurines miniatures issues de ces strates passées. Cette grande traversée temporelle a créé un terrain fertile à la naissance d’une chorégraphie finement émaillée de petites fictions, de nuances de sentiments, d’alternances entre contraction et distorsion du temps, rapports d’échelles et variations d’énergies soudaines ou diffuses. Depuis ces ponts vers le passé, les deux chorégraphes tentent des percées vers un futur imaginé, une galaxie lointaine qui abriterait les gestes à venir. Au sein de la scénographie modelée en direct par Gaëtan Rusquet, nous voilà invité·e·s à arpenter un monde singulier, qui prend tour à tour des allures « de terrain de jeu, de cité imaginaire, de cimetière ou de zones d’apparition de formes abstraites » comme le glisse la chorégraphe américaine.